samedi 31 octobre 2009

ABEILLE

Elle effleure le gris
A fleur de sol
Elle stimule les os
Les pattes sont enrobées de tapes
Ficelées comme des cadeaux
L'emballage doit tenir quelques jours
Les raccords se font nets
La régie s'active
Le son se peaufine
La lumière trace notre contour
La nuit se creuse
La pénombre recouvre les silhouettes
Discrètes et coquins s'entremêlent
Entre verres fuschia et flash frontal
Baptisée abeille
Avec humour
L'une glisse
L'autre s'agenouille
Celle-là se recroqueville
Celui-ci s'échappe
L'espace se fait clos
L'angoisse se concentre
Tristesse
Colère
Honte
Peur
Quand tu nous tiens
C'est notre ville
Qui parle
Le réveil se fait alors au loin
Couloirs automates
D'avant
En arrière
Les plus petits
observent
Tirent
Jouent
S'activent
réveillent
La nuit profonde
Les battements
Les basses
Dans ce coin
Ils s'esclaffent

(texte et photo : Anne)

dimanche 25 octobre 2009

FLUX

Vue de Charleroi par les Gûmes
Déplacement de personne
Écrit volontairement sans S
Ou perpétuel arrêt de travail
Dans ce cas, plus aucun flux
La gestion des flux !
Maître mot d'une époque...
Les flux intéressent le monde
Les actionnaires
Les logisticiens
Les N+1
Et ... les chorégraphes
On travaille le nombre
Présentons de beaux tableaux
Colorés
Croisés
Dynamisés
Interconnectés
Tous porteurs d'un mouvement
Expression d'une énergie
A 15 h
Heure d'hiver
Il a fait partie d'un flux
Toujours le même trajet
Le même sens
Les vitesses peuvent différer
Le lent dépassé par le rapide
La seule variable de l'exercice

Être dans le flux
Être hors flux
Être le flux

(texte et photo : Anne)

mercredi 21 octobre 2009

HAKA BENE


"Recevoir
Abandonner
Marquer par l'absence
Péter un plomb
S'accrocher
Se liquéfier
Rire de soi et de ses maladresses
S'extasier de ses progrès
S'amuser de sa distraction
Douter
"Re-douter"
Aimer les défis
Sauter
S'éclater
Trouver refuge dans le contact des corps
S'enfuir
Tisser
Affiner son regard
Aller jusqu'au bout
Danser ce que l'on est
Etre là !"
TOUS PRÊTS

(texte : Béné et Anne, photo : Anne)

lundi 12 octobre 2009

ERUCTION







Le "rotage", le "rotement", le "re", le rejet de gaz de l'estomac par la bouche adopte une dimension dansante toute particulière quand le mouvement se fait amplement profond. Sortie des limbes. Scène croquée en recul avec deux citoyennes...sur ce coup là en léger retrait. Un dernier chapitre...les gestes se doivent d'être minuscules...l'un mime le pain que l'on trempe, l'autre "touille"avec le petit doigt relevé dans une tasse de café imaginaire. Tout se volatilise et pourtant les corps sont transpirants en fin de séance de travail. On croirait qu'il prend l'hostie et s'empare du calice...Ils sont plus que 12...On sent la tension palpable du bout de leurs doigts...Les corps sont proches, le jeu se joue dans un grand plaisir complice...et les vagues, l'une et l'autre se mêlent et s'entremêlent...le ressac se forme de part en part...Avez-vous perçu la mer à Charleroi ? On parle ici de mouvement de foule. On est sans doute proche de la vague de vendredi...passée inaperçue dans un quotidien...Le tissage et le maillage s'accrochent telle une pièce de lin au cadre du métier...

(texte et photos : Anne)

mardi 6 octobre 2009

ECHAFAUD







Aujourd'hui, 13 personnes en formation VCA...chapitre du moment : le travail en hauteur ! Ils imprègnent poliment leur crâne, comme ils disent si bien, de matière qu'ils n'ont pas l'habitude d'approcher. Sidérés ils le sont...tous penchés à la fenêtre de droite à 13h tapantes...Nous assistons à un ballet ou plutôt une chorégraphie ayant pour thématique l'échafaudage...Ils sont outrés...pas de casque, pas de certificat de conformité, pas de plancher, pas de lunettes...bref le tout grand travail au clair. Au vu et au nez de tous, passants, accompagnants vers le travail et puis tous ceux que l'on ne voit pas. Cliché de l'absurdie d'un moment minuscule sur la planète. Quotidien d'un certain danseur sur une planche en parfait déséquilibre...il ne tombe pas...il glisse à peine...C'est bientôt la Biennale à Charleroi... ne tardez pas à réserver vos places...le spectacle se délecte ou se grise à chaque coin de rue...ouvrez les yeux...en l'air et tout le spectacle sera pour vous !

(texte et photo : Anne)

dimanche 4 octobre 2009

JUMPING


Le palefrenier sans travail est aux aguets.
A intervalles réguliers.
Il est présent.
Une heure et 10 minutes à chercher.
Léger tapotement de touches du clavier noir.
Ses preuves dans le rabat vert.
Il ne lui reste que ses ongles un peu noircis de terre.
La tienne.
La sienne.
Il confie que le cheval l'a reconnu au loin à 20 mètres.
Ruades en enfilade.
Pas d'oubli.
Souvenir de trois cent vingt deux jours.
Des précieux soins offerts.
Aucune parole.
Les sabots foulent la terre.
Le tempo du cavalier résonne.
La ville carolo l'appelait hier.
Aujourd'hui, SDF, c'est le boutiquer du coin qui le tolère.
Ses cheveux hirsutes et taillés avec soin.
Il est prêt.
Il galope.
Il est loin.
Enfin.

(texte et photo : Anne)

samedi 3 octobre 2009

NOCTURNE


Deux passants passent, lentement. Un vieil homme marche en claudiquant. Une femme, voutée, arrive derrière lui. Un couple se déchire au coin d’une rue. Un autre s’embrasse, tout près, sans se préoccuper des cris de leurs voisins. Deux voyageurs pensionnés reviennent de voyage. Leurs valises à roulettes jouent au tambour sur les pavés du trottoir. Soudain, une rue déserte s’offre au regard. Un chat famélique galope sur le chemin des piétons. Cigarette à la main, un jeune fait vrombir ses moteurs comme s’il espérait que le feu change ainsi de couleur. Sa musique tonitruante s’éteint vite au profit du doux vrombissement du bus. Devant la baraque à frites, plusieurs clients silencieux attendent leur commande. Une camionnette dans le parking diffuse des bruits réguliers de percussion. Les étalages des magasins sont illuminés derrière leur lourd volet d’acier. Un cri d’oiseau se fait entendre, s’ensuit une houleuse discussion au téléphone. Plus loin, une dame croit mettre en valeur ses formes avantageuses par sa démarche trop déhanchée. Elle passe et repasse devant une maigre femme écroulée, une bouteille vide à la main. Le contraste entre les deux démarches est drôle mais la scène est tragique. Titubant et rigolant tout à la fois, trois poivrots passent en sens inverse. Sans s’en rendre compte, ils dérangent le sommeil d’un homme qui dort dans le renfoncement d’une porte.

Charleroi, la nuit, c’est toutes ces petites anecdotes, tous ces petits clichés, simplement authentiques.

(texte : Olivier, photo : Anne)