dimanche 21 juin 2009

LAISSER PARTIR




8h30 : sans doute plus jamais comme auparavant...
8h30 : à chaque fois le même geste...
8h30 : j'introduis le plus loin possible la main droite à l'intérieur...
8h30 : profondément pour ne laisser aucune issue à rien...
8h30 : la paume de la main est en dessous...
8h30 : les pieds sont en appui ferme sur le carrelage dont je n'ai retenu ni la consistance ni la couleur...
8h30 : la douleur ciselante de la plante des pieds me rappelle mes limites, je la refuse mais elle s'implante en moi depuis plusieurs semaines...
8h30 : Shila me façonne un tape de soutien de voûte plantaire
8h30 : les mains pivotent de gauche à droite...
8h30 : les mains sont jointes quelques instants...
8h30 : ce geste particulier prend ce jour une dimension construite...
8h30 : un acte de mon quotidien apprivoisé par chacun devient pure découverte...
8h30 : chaque matin, toujours le même geste devenu morceau d'un travail commun...
8h30 : je mesure le cadeau offert à mon quotidien ...
8h30 : joie de ne pas s'éloigner du geste et de le danser...
8h30 : apprendre comme si j'appréhendais pour la première fois...
8h30 : le donner à l'autre et le laisser partir tout en le gardant...
8h30 : plaisir et rire de l'exercice à deux, à trois et puis à quatre et puis...tourner vers la gauche...

9h30 : tous vaquent à l'horaire du quotidien... patienter de faire sien le geste de l'autre dans plusieurs jours...lequel déjà...je ne sais pas encore...

(texte et photo : Anne)

jeudi 18 juin 2009

SYNTHETIQUE





Attention, déconseillé aux gens pressés !!!



Ingrédients : deux couvertures et un sol bien dur.


Prenez une couverture. Pas une couette en duvet synthétique. Non ! Une bonne vieille couverture comme celles des hôtels sur la Sambre. Une couverture bien de chez-nous en somme.
Pliez la couverture deux fois dans la largeur, puis deux fois dans la longueur et encore trois fois dans la largeur.
Posez la couverture ainsi racrapotée sur le sol.
Puis prenez une autre couverture. Pliez la deux fois dans la largeur et trois fois dans la longueur.
Asseyez-vous juste devant la première couverture, puis posez-y votre colonne vertébrale.
Prenez la deuxième couverture et glissez- la sous votre nuque pour vous permettre de contempler à votre aise le plafond.
Laissez reposer cinq minutes au moins.
Constatez avec délice cette sensation d’étirement des ménisques et d’écartement des vertèbres.
Vous pouvez fermer les yeux pour en profiter mieux.
Relevez-vous : vous avez grandi !

(texte : Olivier, photo : Anne)

mardi 16 juin 2009

APPRENTIE





En secret... des mots de lui, des mots d'elle...des modèles...des mots d'aile...Vite ou lentement...ils s'envolent...rythme d'un quotidien un certain samedi... :
Elle : "(23h24) - 0533 - Bonne semaine !!! / (23h28) - 0535 - De la confiance au toucher "léger", tout est possible / (23h30) - 0534 -C'est en fait la 2ème d'une petite suite ! C'est joli comme titre: "la petite suite" / (23h35) - 0536 -Elle semble sourire "l'apprentie" ! Va-t-elle enfin oser?/ (23h36) - 0537 - Ca y est...le pas est lancé! / (23h39) - 0538 - De la confiance, le geste suit. /(23h41) - 0539 - Brasser l'espace /(23h44) - 0540 - C'était la petite bulle dans une certaine salle de spectacle...Une petite goutte d'eau rafraîchissante...Un ballet à deux....Ne serait-ce pas cela "la danse"?
Lui : "J'aurais pu continuer des heures...ton regard pétillait...j'avais presque envie d'être à ta place...un grand merci pour cette échange...vous savez que cela me passionne...le danseur devenu théorème...le port de bras permet de se reposer sur l'air en quelque sorte : c'est léger, c'est doux, et en même temps ça doit être solide."

(texte et photo : Anne)

dimanche 14 juin 2009

CATERING


Isabelle entre...par la porte de devant droit
Isabelle avance...un frôlement sur pointes des pieds
Isabelle piétine... un sourire accroché au visage
Isabelle tourne...un regard sur tous elle dépose
Isabelle débarrasse...fin de séance dans la demi-heure
Isabelle se déplace... présence, efficacité et mots échangés
Isabelle recule... tout est trié, rangé, recyclé et évacué
Isabelle démarre...caisses, sacs et boxes catégorisés
Isabelle sort...le noir chaud des lieux veille sur la fontaine.
(texte et photo : Anne)

vendredi 12 juin 2009

NENUPHAR


(posté par Jean-Jacques)

mercredi 10 juin 2009

LIEN ?









(photo : Anne)

A. m'écrit ce soir : "Pour te répondre, le lien avec la danse ?
L'écoute, la perception, le partage, l'oubli, se fondre dans le décor, l'espace et le temps.
Danser sa vie au quotidien, avec les éléments que l'on projette, reçoit, imagine, au sens le plus large...sentir sans réfléchir."
Il cite Maurice Béjart : "la danse est union, la parole divise".


A., quand il danse, c'est la couleur du sud...
Il glisse et virevolte comme les notes de blues...
Le long des cordes d'une guitare tzigane, en bord de Meuse...
Sur le quai de la rive droite, là, à Dinant, son pays d'adoption...
Une terre de légendes peuplée d'elfes et de sorcières...

Voilà, A., la poésie qui danse aujourd'hui ton quotidien d'un autre temps...tu désirais tant la partager ici.
Elle est de Roger D. de Saint-Pourçain-sur-Sioule, en France.

Déjà loin cette époque
Culotte courte et râpée
Permettez que j'évoque
Les cabinets d'pépé.

Une cabane en planches
Servait de petit coin
La semaine, les dimanches,
Tout au fond du jardin.

Point de papier de soie
Des journaux découpés
Faisaient toute la joie,
Des cabinets d'pépé.

Les araignées, énormes,
Tissaient leurs toiles grises
Avec d'étranges formes
Réservant des surprises.

Ce lieu n'était pas sain
Quand l'araignée bougeait
La culotte à la main
Souvent je me sauvais.

Lorsqu'il pleuvait très fort
Le toit étant percé
Nous goûtions le confort
Des cabinets d'pépé.

Automne, belle saison,
Vent poussant sous la porte
Au gré de sa chanson
Les dernières feuilles mortes.

Au plein coeur de l'hiver
Un froid glacial régnait
Et dans le matin clair
Personne ne traînait.

Printemps, bruissements d'ailes
Sur le rebord du toit,
C'était la tourterelle
Appréciant fort l'endroit.

Égayant une face
Des cabinets d'pépé
La rose avait sa place
A profusion, l'été.

Les odeurs du jardin
Pénétraient la bâtisse
Elle embaumait le thym
La menthe et la mélisse.

Dans les WC modernes
Cherchez la poésie
C'est la culotte en berne
Qu'on vise la sortie.

Je regrette l'époque
Culotte courte et râpée
Je regrette l'époque
Des cabinets d'pépé.

dimanche 7 juin 2009

TRAIN OU METRO ?

En route pour la superbe vidéo découverte par notre Bénédicte...elle tient une place toute particulière. Quand elle fait son jogging avec Franca...tout s'arrête et le temps se dilate...Mais dans quelle direction s'élancent-t-elles ?
(texte et photo : Anne) http://streaming.vtm.be/VTM/opzoeknaarmaria/Video/STUNT_MARIA_FINAL_EXPORT.wmv

jeudi 4 juin 2009

ROULE A L'ORANGE

A mi-chemin du jaune et du rouge...je me retrouve allongé sur une table du côté gauche des gradins. Je suis observé et scruté par la plupart. Je ne suis pas imposant. Quelques centimètres tout au plus. Comment me partager entre autant de fins gourmets. Dans la meilleure hypothèse, et, en usant d'une lame ultra aiguisée, j'aurais pu juste m'aventurer sur le dessous du palais de deux douzaines d'entre eux. Les plus gourmands vont me dérober à la majorité lancinante qui ne me taquinera pas. Ils emporteront avec eux le moelleux que je leur ai imposé quelques quarts d'heures plutôt. Je ne bouge plus. Je vous souffle que je reviens d'un long voyage au pays du mouvement et de l'en roulade. Je garde le tournis ma chère Lucy. Vous m'avez façonné et laissé cuire sous vos yeux bruns du fond du Portugal. Je suis né d'un savant mélange que l'on appelle ruban. De huit oeufs entiers et de 350 g de sucre ultrafin, je suis composé. En parallèle, 20 dl de jus d'oranges pressées ont pirouetté avec deux cuillerées à soupe de fécule de maïs. Sarah, pour l'occasion, a marié le tout avec légèreté. Autorisé à occuper une platine rectangulaire dans les moindres recoins. Cuit dans un four à 180 degrés, vingt minutes. Eviter la surchauffe et l'assèchement prématuré. J'ai veillé à ne pas dégager certaines effluves de cramoisi. Je me suis dérobé sans attendre. Et enfin, trôner sur un plat tel un roi d'Angleterre, entre tempérance et sobriété.
(texte et photo : Anne)