mercredi 25 novembre 2009

SILENCE


La danse du silence ou le silence des mots
Quand il nous tient à l'écart des corps
L'absence des mots épaissit nos corps
De surplus de mots inusités
J'ai observé le mouvement de ton corps
La distance forcée que j'entretiens de sentir
Ton corps me distancer
La courbure de ton dos qui contrebalance l'abdomen
L'eau de pluie est tombée par intermittence
Tout a dégouliné
Quand ton corps me parle
Mon corps parle
Le corps peut-il mentir
Peut-on se tromper sur le corps
Si ton corps parlait avec des mots
Que me dirait-il ?
(texte et photo : Anne)

VOYAGE


Il est un voyage
Qui ne laisse pas indifférent.
Avec des vents, aussi imprévisibles que décoiffants,
Avec des plaines donnant à se reposer,
Ou les montagnes se laissent grimper.

On pose son sac,
On s'imprègne de la différence.
On regarde,
On écoute,
On sent.
Chaque partie de son corps, de son âme,
Chaque espace libre de son coeur,
Vibre de la découverte.

Et quand il faudra revenir,
C'est plein de sensations retrouvées
Et d'images nouvelles,
Que le quotidien sera coloré.

(texte et photo : Béné)

jeudi 19 novembre 2009

PROJECTION


Étrange bonhomme
Curieux personnage
Ni grand, ni petit
Un cartable noir
Un peu comme un témoin du dimanche matin
Il est arrivé avec ses préjugés plein la vue
Les abandonner rapidement
A l'instant il nous tient
Il joue à la projection
Il ne vole rien
Il ne connaît pas le mot intrusif
Il s'entraîne avec l'inclusion
Ses yeux ne regardent plus le commun
Il se fait discret
Il scrute le moindre détail
Bienveillant sur chacun
Ne rien perdre
Il nous plonge dans une chambre noire
Il montre
Il ne dissimule pas
Il prend le temps
Il s'accorde au diapason
Il joue au stradivarius
Aux sonorités
A la densité
De ce qu'il veut bien observer
Il a posé des filtres
Discret
Il ausculte presque
La plus étrange
Le poète
L'acteur
L'écolière
L'obèse
Le vieux
Le nerveux
Le râleur
La pusillanime
Il cristallise la beauté du geste
Il affiche l'énergie
Il pointe les mouvements
Où est-il ?
Derrière
Toujours à l'affût
Déterminé à réussir
Il négocie
Il doit se battre
Il le veut
Il sait se montrer vulnérable
Tout en force
C'est un peu le je ne sais quoi et le presque rien
Du philosophe qui portera son nom dans ma mémoire
Une rencontre
Des êtres du quotidien
Ce sera son film
Il le tient
Avec humour
Il lève la pression
Un peu
A l'image d'une tragédie légèrement classique !
(texte et photo : Anne)

SOUVENIRS








Un spectacle, comme une apothéose ... Un succès, une réussite, un triomphe ...
Ca y est, on y est ... Le spectacle va commencer. On se passe l’énergie, on stresse 

ensemble, on parle fort de n’importe quoi. On se place, on vérifie le matériel. tout est à peine à sa place que le public entre déjà, comme un torrent humain. Ils sont nombreux, très nombreux, trop nombreux ! Des gens s'asseyent sur les marches alors qu’ils restent quelques places en haut du jardin.
L’intendant général
fait un petit discours, et casse notre intro. On commence pas très bien, on fait trop attention aux têtes bien alignées qui nous questionnent du regard. Des dizaines d’yeux, inconnus, nous observent. Comprennent-ils ce que l’on veut dire ? «On s’en fout» avait dit Flavia ... mais quand même on se questionne !
Après, tout s’enchaîne, très vite. Le seul accro est invisible pour le public. Nous formons une équipe qui sait ce qu’elle doit faire, nous sommes parés à presque toutes les éventualités. Au fur-et-à-mesure, on acquiert de l’assurance, on regarde plus posément ces visages qui nous dé-visagent.
Arrive la scène de nuit, on ne les voit plus, on se prend au jeu de l’étrange. L’énergie change sur le plateau, on se concentre, et on commence à s’amuser. Le parcours dansé réjouit le public en attente de danse ... On y met de la douceur, autant qu’on peut : c’est la partie résolument poétique du spectacle, celle où le quotidien se
métamorphose réellement.


Puis, c’est le jumping, l’énergie remonte d’un cran. Les danseurs sentent venir la fin. On a envie de s’amuser, de se dé-penser. Taper à la machine, prendre le téléphone, déposer le sac, poser une question ... Tous ces gestes habituels sont ici plein d’intentions.

Charles II ! La fin est proche ... Dans le public, des épaules, des mains, des pieds battent la mesure. Ils ne s’en rendent pas compte : l’énergie de la danse est communicative. Seules nos bouches continuent à faire du bruit. Puis, plus rien, la musique et les lampes éteintes ... Un instant de de magique indécision des vingtaines de mains en face de nous.
Enfin, un triomphe, un tonnerre d’applaudissements : on revient, une fois, deux fois, trois fois ... On ne les compte plus. Je crie : «Vous voulez qu’on refasse un jumping ?» ... Et voilà, c’est parti ! On recommence, on s’amuse, follement ! Le public n’arrête pas de frapper dans ses mains : ils dansent, tous, j’en suis certain. Je saute plus haut, j’accentue les mimiques, je m’amuse follement, et surtout je souris ! On n’est plus dans le quotidien, même dansé. On est passé dans une autre dimension : le spectacle, l’échange d’énergie, l’absence de contrôle, l’amusement pur, la joie, le bonheur ... Un triomphe ! On sort juste avant Charles II, la tête haute, le sourire aux lèvres ... un sentiment d’extase gonflant nos poitrines. Fantastique ! Génial ! Inoubliable !
On a hâte d’être à la reprise du 11 et 12 décembre ! En attendant, il faudra ranger nos quotidiens laissés
à l’abandon. On oubliera jamais ce jour-là, cet instant artistique dans nos vies ordinaires ... Merci à

la Terre entière d’avoir rendu ce moment possible !

(texte  : Olivier,  photos : Anne)

dimanche 15 novembre 2009

OUTIL


Sortir d'un quotidien de six mois
Retrouver l'habitus d'avant
Ne plus se vivre dans les samedis d'antan
La tête foisonne de projets nouveaux
Hier, voir Merce Cunnigham et en garder la rencontre
D'un mime professionnel et d'une réveilleuse de potentiel
Tous deux assis à mes côtés dans une loge volée
Cinq jours tout au plus, où le Prince Baudouin abritait notre après
Dix à vouloir encore goûter
Chacun et chacune dans son quotidien le lendemain
J'ai osé renouer avec des pratiques douces
D'un secteur qui joue au durcissement et à la provocation
En gestion de groupe
S'en tenir à l'objectif et ce que je veux
Pas en aller retour
Un peu plus loin, toucher au plus complexe
Donner le temps
Hâte de se revoir au travail dans quelques jours
Garder à l'instant de cette expérience
L'outil tendresse.

(texte et photo : Anne)

samedi 7 novembre 2009

CENTRER


Sous la lune presque pleine
Rouler du haut de la ville vers la gare
En déroute Charleroi
Bouge sous tes travaux
Les rues si calmes de six mois en arrière
Grouillent
Les Arts ménagers
Ont pour invité un pays d'orient
Aucune ride ne s'affiche
Se centrer aujourd'hui
Se préparer
Retravailler
Rejouer
Redanser
La fatigue nous guette
Elle veille
Nous aide à nous poser
Recommencer
S'écouter pour danser
Ensemble tout s'apprend
La patience est le maître mot
Écouter
Atteindre le meilleur collectivement
Chacun dans l'effort
Le silence commence à prendre place
Ce soir
Un peu comme la veille
Du mariage de ma petite soeur
D'un examen de droit romain
D'un rendez-vous amoureux
Ma fille et moi en apprêt
La lavande embaume la salle d'eau
La dorloter
Je file vers le sud
De l'autre côte de Eau d'Heure
La radio annonce un risque de verglas
Je rentre à allure pondérée
Se préserver encore quelques heures
Le repassage prend le relais
Une manne passe pour amidonnée
Les costumes placés
Dans un sac pour l'occasion
Se sentir professionnelle
Comme dans le quotidien
Demain
La générale
Les potes en spectacle
Avec grand sérieux
Et un immense bonheur de bouger
(texte et photo : Anne)

jeudi 5 novembre 2009

MIETTES

Il a dressé une table de fortune, à l'arrière des gradins.
Il appelle cela le refuge.
Les miettes de cent wafers se comptent par milliers.
Le 56ème paquet ouvert cet après-midi.
Un néon tout au plus éclaire l'endroit.
Sur la droite, en entrant, une couche à l'indienne.
Nos petits de la troupe se prélassent et jouent à Uno.

Il s'écrie, assis de toute sa hauteur, d'une chaise noire pliante :
- Vous mon public, vous qui m'aimez tant, moi !
Moi qui suis beau
Regardez-moi.



Autour de la table : 6 convives
Le dialogue entre les personnages donne ceci...
Échantillon de nos moments de relâche
Exactement 2 minutes...



-Est-ce que tu m'aimes ?
-Beaucoup !
-Tu as remarqué ?
-Oui, elle se sent en sécurité avec moi, hors danger...
-Moi, je ne sais pas écrire
-Il doit y avoir de cela aussi !
-Mes amis me l'ont déjà dit
-Quoi ?
-Que c'est elle ou son compagnon qui est en danger ?
-Comment se fait-il que je l'aime ?
-Tu ne cours aucun risque ma belle
-Avec lui, tu peux profiter de tous les avantages...
-C'est quoi tes avantages ?
-Mes beaux yeux
Mon corps de rêve
Que je te comprenne
Que je te mette en valeur
Que je t'écoute
-Eh toi, tu vas tomber amoureuse de moi aussi ?
-On est tous un peu gêné au début
-Tu bloques sur une phrase ?
-Es-tu d'accord ?
-Comment tu fais ce mouvement ?
-On est un peu trop...
-Si tu comptes 8 temps...c'est long
-4 temps, c'est court !
-Le lit est grand
-Et toi J-M...
Pourquoi es-tu là ?
-Micro trottoir !
-Il manquait quatre hommes...

(texte et photo : Anne)

FLUIDITE





C'est la fin du jour.
La lune m'apparaît comme ovale et orange.
Cette journée de break, avant la dernière ligne droite au PBA, touche à sa fin.
Dans la voiture qui me ramène chez moi, je laisse mon esprit vagabonder.

Quand l'eau va et vient, il y a comme un mouvement d'une grande fluidité; quelque chose de l'ordre de la caresse.
N'y a t'il pas quelque chose qui manque dans notre "parcours dansé"?
Un moment de fluidité et de tendresse.
De l'amour?

Le long du canal qui amène à la mer, des canards attirent mon attention.
Mon observation et l'étonnement que je manifeste est à ce point qu'il questionne l'enfant qui est à côté de moi.
Je pars d'un grand éclat de rire: de quatre directions différentes, les canards, en ligne, rangés, se précipitent pour se rejoindre et puis...s'éclipsent sur l'eau dans différentes directions.
je viens d'assister au regroupement dans Charles II et de son éclatement en étoile.

Tout me ramène à ces 8 mois passés entre nous.
Il y a un temps pour tout.
Un temps pour vivre fort et ...pour quitter aussi.
(texte et photo : Béné)