samedi 3 octobre 2009

NOCTURNE


Deux passants passent, lentement. Un vieil homme marche en claudiquant. Une femme, voutée, arrive derrière lui. Un couple se déchire au coin d’une rue. Un autre s’embrasse, tout près, sans se préoccuper des cris de leurs voisins. Deux voyageurs pensionnés reviennent de voyage. Leurs valises à roulettes jouent au tambour sur les pavés du trottoir. Soudain, une rue déserte s’offre au regard. Un chat famélique galope sur le chemin des piétons. Cigarette à la main, un jeune fait vrombir ses moteurs comme s’il espérait que le feu change ainsi de couleur. Sa musique tonitruante s’éteint vite au profit du doux vrombissement du bus. Devant la baraque à frites, plusieurs clients silencieux attendent leur commande. Une camionnette dans le parking diffuse des bruits réguliers de percussion. Les étalages des magasins sont illuminés derrière leur lourd volet d’acier. Un cri d’oiseau se fait entendre, s’ensuit une houleuse discussion au téléphone. Plus loin, une dame croit mettre en valeur ses formes avantageuses par sa démarche trop déhanchée. Elle passe et repasse devant une maigre femme écroulée, une bouteille vide à la main. Le contraste entre les deux démarches est drôle mais la scène est tragique. Titubant et rigolant tout à la fois, trois poivrots passent en sens inverse. Sans s’en rendre compte, ils dérangent le sommeil d’un homme qui dort dans le renfoncement d’une porte.

Charleroi, la nuit, c’est toutes ces petites anecdotes, tous ces petits clichés, simplement authentiques.

(texte : Olivier, photo : Anne)

4 commentaires:

  1. Beau texte!
    Est-ce inspiré de : "c'est beau une ville la nuit" de richard bohringer ?
    Toutes les villes sont belles pourvu qu'on y ressente des émotions...

    Sergeï

    RépondreSupprimer
  2. Merci !

    Absolument pas inspiré de cet auteur puisque je ne l'ai jamais lu ;)

    La beauté émotionnelle ... encore plus subjective que la beauté des apparences ... J'aime l'idée ;-)

    RépondreSupprimer
  3. Famélique...c'est un mot qui me colle très bien à la peau !

    RépondreSupprimer
  4. Olivier précurseur de la scène encore à créer...

    RépondreSupprimer