Je voudrais marcher uniquement avec les talons et courir à toute allure comme il y a de cela encore quelques semaines.
Je suis obligée de freiner.
Mon corps se balance d'arrière en avant et n'a plus aucun plaisir dans le mouvement.
Je passe mon temps à poser le plus correctement possible un pied devant l'autre.
J'évite de claudiquer dans le couloir qui convoitais le pas de course.
Je suis contrainte au ralenti.
Mes appuis inférieurs sont grippés et au repos imposé.
Je m'oblige à distiller l'énergie contenue en moi.
Pour l'instant, je danse quand je plonge dans l'eau.
Je m'allège là où tout pèse.
En apesanteur dans le liquide...alors je libère toutes mes forces.
Ces dernières nuits, je rêve d'organiser ma vie dans une piscine.
Au réveil, c'est le poids des articulations rouillées qui me rappelle au petit jour.
Je voudrais passer des heures entières à nager et tourner dans l'eau...je n'ai pas dit sauter et sprinter...
J'arrive trop tard, je ne sais plus me déplacer comme à l'habitude...dommage pour moi...
Les gestes de mon quotidien ne sont plus miens...
Ils imposent le calme.
Je lève les pieds...
Les deniers des citoyens se sont envolés
Tels que je ne trouve sur mon parcours aucun bain public au centre ville !
(texte et photo : Anne)