mercredi 23 décembre 2009

PROLONGEMENT




Que reste-t-il de la demi-centaine de jours de travail ?
La mémoire se fait déjà fragile
Il y a plusieurs quarts d'heures déjà
Je parcourais la ville au côtés d'un citoyen dansant
Dansant d'avant
Virevoltant maintenant
Le temps a déjà tourbillonné
Les flocons de neige se sont agglutinés en congère sur le Marsupulami
Cela urge
La musique de la composition a débuté par un do dièse
J'ai vu Modiano sur l'étagère de droite, au milieu
Un peu semblable à une minuscule parcelle de mon quotidien
Une sorte de prolongement
Une période d'allaitement
Juste avant le printemps
L'envie irrésistible de laisser quelques traces
En lui, son grain de folie, son côté humble et ce que je ne connaîs pas m'ont parlé
Les photos sont éparses
Certainement, en noir et blanc, elles siégeront
L'association avec le texte lui appartient
Tacitement
J'ai revu l'une ou l'autre vidéo des filages
L'autre m'a semblé un peu loin
J'ai regardé du coin de l'oeil
J'ai admiré la contorsion due à la pile de 6 boîtes de marrons entre ses mains
Un quidam pourra-t-il sentir et comprendre
A la lecture et à la vue
Les effets des moindres gestes
Ils seront palpables
Ils traduiront cette énergie qui nous a habités
Tu sentiras le mouvement et la présence de chacun
Je souhaite encore nous voir tous danser sur papier !
(texte et photo : Anne)

lundi 7 décembre 2009

DERNIERE REPETITION


J’ai vu une femme renaître, s’éclater dans le groupe par la danse,
J’ai vu un homme malade déclamer son texte malgré tout,
J’ai vu danser un pied souffrant au martyr, J’ai vu une énergie folle, débordante, foisonnante,
J’ai vu une dame aux cheveux d'argent danser hors du temps,
J’ai vu une quinquagénaire se déhancher de plaisir,
J’ai vu une main voler loin vers le ciel, et une autre dessiner sur l’air,
J’ai vu une penseuse perdue au milieu des gradins,
J'ai vu une partenaire assumer l'absence de ses compagnons,
J’ai vu des enfants harassés refaire une dernière fois l’exercice,
J’ai vu l’ordre renaître du chaos, la chorégraphie se dessiner,
J’ai vu l’imminence d’une fin que l’on voudrait lointaine,
J’ai vu un calme immense, une détermination inébranlable,
Et j’ai senti dans l’air des milliers de mercis, de bravos et de joies.

(texte : Olivier, photo : Anne)

VIE


Flavia Ribeiro Wanderley : Par mon travail, j’essaie de traduire des mouvements très concrets, palpables et ... quotidiens dans la danse. Une forme de curiosité sociologique en quelque sorte. Qu’est-ce qui se passe quand on est confronté directement aux gens, quelle que soit leur provenance ou leur tranche d’âge? De cette confrontation naît l'inattendu qui me motive très fort. Plus que de la danse contemporaine, je fais une danse ... d’actualité! Je vois cela comme une sorte de journal, de chronique contemporaine. Un moyen d’être en contact avec ce qui se joue dans le monde sans avoir besoin d’un journal ou d’Internet comme intermédiaire…
Benoît Anciaux : Envie d’aller jusqu’au bout. Projet où on danse, où on bouge son corps. Pour moi, en tant que comédien, un niveau d’apprentissage. C’est important d’avoir des nouvelles expériences dans le domaine de la scène. Envie de danser ma vie, de danser Charleroi. Envie de défendre un projet de Charleroi. L’ambiance entre les participants. C’est un projet où des liens se sont tissés, encore une autre raison. Et pour Mary aussi !!! Pour les gens qui sont là, pour le spectacle, pour l’ouverture de la biennale, pour l’envie d’être sur une scène ... Parce que c’est une création collective et à chaque étape on a découvert de nouvelles choses. Le spectacle s’est construit avec de nouvelles choses, c’est comme si on construisait un décor étape par étape, avec de nouvelles magies ... à part le cauchemar. A un moment, j’ai voulu partir à cause de gens qui m’énervaient. On a mis Charleroi au sol et on danse une journée ... Je trouve ce concept génial. D’ailleurs, quand j’en parle autour du moi, les gens disent «Ah, c’est chouette!» C’est chouette que chacun ait pu exprimer sa relation quotidienne à la ville.
Myriam Bogaarts : C’était une activité qui a réveillé en moi de faire de l’activité physique. J’étais devenue très raide. J’ai bien l’intention de continuer. Ça m’a fait du bien moralement : j’ai oublié mon âge, j’étais avec des jeunes. S’il y avait un autre projet, j’aurais envie de le reprendre malgré que c’était parfois difficile. Quand on a une motivation, on se surpasse, on oublie ses bobos. Toutes l’équipe était formidable : on ne se connaissait pas, des milieux, des âges différents et pas de supériorité, de gros cous ... Tout le monde était à égalité et ça c’était très chouette. Dans le projet, tout le monde a vraiment essayé d’aller jusqu’au bout malgré les difficultés. J’ai moi-même en tant que citoyen envie de dire félicitation à tous mes amis !
Irène Bughin : La danse du quotidien, c’est un super projet qui m’a offert plein de chouettes rencontres. Plusieurs sont devenus des amis que j’espère garder longtemps. J’y ai aussi retrouvé avec plaisir quelques anciennes connaissances. En plus, Flavia et Shila - et tous les autres - m’ont appris à accepter ma marche différente, à surmonter en grande partie mes problèmes de mobilité, en acceptant mes limites. Beaucoup d’efforts, mais la récompense est là. Rien que du bonheur. Merci à tous et à bientôt !
Bénédicte Dehasse : C'est avant tout, pour moi, une belle expérience de vie. Au contact de chacun, j'ai pu affiner mon regard à la "différence". Tous ces moments plein de nos maladresses, de nos découragements et de nos progrès. De nos défis, nos doutes et nos distractions. Nos éclats de rire, nos étonnements...ont fait que nous avons dansé ce que nous sommes! Le spectacle est à notre image: vivant et unique. Il sera impossible de nous imiter!
Marie Dhont : Une belle expérience humaine et une aventure avec moi-même. Une découverte de mes capacités, de mes limites. Première fois que je vais au bout d’un projet malgré les nombreuses difficultés que j’ai rencontrées sur ma route professionnelle, familiale, personnelle ...
Valérie Dubuisson : Laissez-vous aller, laissez-vous porter, ressentez, profitez du spectacle ... simplement.
David Dudas : Ce que j’ai aimé, c’est quand on fait le cauchemar. Je n’aimais pas vraiment le jumping. J’ai bien aimé ici. Parfois, ce n’était pas bien parce que quand on ratait c’était un petit peu mal. J’aime être ici à cause que la copine de ma maman et son fils il est là et que j’ai trouvé des amis.
Raymond Drygalski : En prenant mon pinceau, il se met à danser sur le papier: comme nous, avec Flavia. Elle nous met sur plateau et on se met à danser pour raconter notre histoire ... Quelle magie !
Pascal Isbiai : Ça m’a apporté une confiance en moi. Me faire connaître de mon entourage. Me valoriser. Ils m’ont dit que c’était bien : y en a qui l’ont vu. Découvrir mes capacités. Par le passé, j’avais fait des fêtes d’unités avec les scouts, j’avais pris l’habitude de faire des spectacles. Valoriser mon travail d’artisan. Connaître des gens de différents horizons.
Yannaëlle Loo : J’ai bien aimé. Ce n’est pas difficile pour moi. J’aime bien que quelqu’un m’aide. Pour danser, j’ai envie de commencer la danse. Même pas peur. Je suis capable. J’aime le parcours vite et lent. Je suis contente que des gens viennent voir le spectacle.
Jules Loubris : C’était bien parce qu’on a appris à danser. On s’est fait des amis aussi.
Simon Loubris : J’ai aimé ! Que c’est beau la vie ! Le spectacle, c’est comme la ville «Pays de Charleroi» et puis on danse.
Christian Massart : La première chose que je voulais dire, c’est que dans cette expérience tout le chemin était aussi important que la fin, que le spectacle, l’arrivée. Un journaliste m’avait dit «50 répétitions pour un seul spectacle!» La deuxième chose que je trouve importante, c’est que le spectacle rend les gens beaux. Surtout quand on voit le spectacle complet, il y a une beauté. Je trouve ça très chouette. Ce sont les gestes du quotidien qui deviennent beaux car ils sont dansés, parce qu’ils sont mis en scène. Par contre, j’ai trouvé qu’on était un peu excentré par rapport au reste de la programmation de Charleroi/Danses. C’est un peu dommage.
Léa Nabet : Bon spectacle ! J’aimais tout. Je préférais le labyrinthe.
Nathalie Nabet, la maman de Léa : J’ai découvert un groupe super, ouvert, calme, serein, gentil ... Je n’ai pas l’habitude des gens gentils. Le groupe est un foyer d’échange, de gentillesse et d’ouverture. C’était intéressant de voir la construction d’un projet créatif de l’extérieur. « Quand je serai grande, je voudrai être comme Flavia ! » Léa a grandi. Les différences d’âge et de milieu ne se sont jamais ressenties.
Laylâ Nihoul : J’aimais bien venir ici parce que j’ai appris des choses sur moi et tout ça. J’ai aimé quand on faisait la scène du cauchemar et l’école. Et je n’ai pas aimé le jumping parce qu’à la fin c’était trop dur quand on devait faire les gestes et tout ça.
Bombina Roberti : Je suis venue ici, comment on dit en Français, que, même quand j’ai des problèmes de santé, j’arrive quand même à faire quelque chose. J’ai eu beaucoup de soucis. Maintenant je suis arrivée : je ne suis pas complètement handicapée. Je sais faire quelque chose.
Olivier Roisin : Je connaissais la danse, mais, sans ce spectacle, je n’éprouverais pas cette joie de danser ma vie à chaque instant. Je retiendrai aussi l’esprit fantastique de ce groupe hétéroclite. La nostalgie me guette déjà. En attendant, j’ai juste envie de remercier tous ceux qui ont rendu cela possible, et de leur adresser un énorme bravo aussi. Ça donne bien quand même!
Dylan Ruidant : J’ai voulu essayer. Maman m’a fait venir. J’ai bien aimé le jumping parce que c’est plus pour les jeunes. Le reste, c’est un truc bizarre. J’ai jamais rien compris.
Noemì Ruiz del Olmo: Noemì : (tout sourire) : Ça a bouleversé ma vie. C’était génial. Je ne sais pas comment dire. Il faut le vivre.
Alessandro Spoto : J’ai bien aimé quand on faisait la bagarre. Ce que je n’ai pas aimé, c’est le parcours dansé. J’aimais le jumping. On faisait de la danse, c’était chouette.
Nicole Theys : C’est un projet génial. C’est très bien qu’ils ont pu mettre en scène des non professionnels. J’espère que ça plaira au public et qu’ils auraient encore envie de le voir. Ce n’est pas quelque chose de banal pour des amateurs de faire quelque chose de si grande envergure. On aurait envie que ça continue encore un peu plus longtemps. C’est formidable que dans l’équipe on s’entende très bien. J’espère qu’on se verra encore de temps en temps.
Florence Trifaux : J’ai tout aimé moi ! Ce que j’ai aimé, c’est la diversité qu’il y avait dans le groupe et que, finalement, trente personnes très différentes arrivent à produire quelque chose de cohérent, de beau, de vrai. C’est plus l’expérience humaine et la philosophie de Flavia : tenir compte de nos corps ici, maintenant. De ne pas vouloir nous formater.
Jean-Marie Vaneukem : La danse contemporaine est une surprise pour moi. S’exprimer non plus sur quelque chose d’établi. Les danses standards : il y a des codes mais ici non! C’est de s’exprimer en dehors des codes.
Pauline Dujardin : (animations enfants) : J’ai trouvé ça superbe d’assister à tout ce qui est ressorti de la rencontre des différentes personnes : beaucoup d’écoute et quelque chose de très humain.
Anne Colmant : J'ai appris la force de la présence à soi et aux autres, peu importe la vitesse du mouvement et l'espace parcouru.

(photo : Anne)

dimanche 6 décembre 2009

LIBRE


J'ai tenté de mettre un soupçon de sens dans ma danse . Un peu éteinte ces deux derniers jours…j’aurais voulu pouvoir m’envoler. Je me suis rappelée raisonnablement au tapis. Étirée à trois reprises et rattachée au sol élastique. L'espace du nouveau lieu de travail offre de la hauteur, libre, aux gestes...Impression de pouvoir mieux se déplier, se déployer. Je sais, peut-être, dorénavant pourquoi j’aime tant calligraphier avec plumes et calames les plus fins…je m’évertue à travailler le détail et en tire un immense plaisir…le trait s’envole alors !
(texte et photo : Anne)

mercredi 25 novembre 2009

SILENCE


La danse du silence ou le silence des mots
Quand il nous tient à l'écart des corps
L'absence des mots épaissit nos corps
De surplus de mots inusités
J'ai observé le mouvement de ton corps
La distance forcée que j'entretiens de sentir
Ton corps me distancer
La courbure de ton dos qui contrebalance l'abdomen
L'eau de pluie est tombée par intermittence
Tout a dégouliné
Quand ton corps me parle
Mon corps parle
Le corps peut-il mentir
Peut-on se tromper sur le corps
Si ton corps parlait avec des mots
Que me dirait-il ?
(texte et photo : Anne)

VOYAGE


Il est un voyage
Qui ne laisse pas indifférent.
Avec des vents, aussi imprévisibles que décoiffants,
Avec des plaines donnant à se reposer,
Ou les montagnes se laissent grimper.

On pose son sac,
On s'imprègne de la différence.
On regarde,
On écoute,
On sent.
Chaque partie de son corps, de son âme,
Chaque espace libre de son coeur,
Vibre de la découverte.

Et quand il faudra revenir,
C'est plein de sensations retrouvées
Et d'images nouvelles,
Que le quotidien sera coloré.

(texte et photo : Béné)

jeudi 19 novembre 2009

PROJECTION


Étrange bonhomme
Curieux personnage
Ni grand, ni petit
Un cartable noir
Un peu comme un témoin du dimanche matin
Il est arrivé avec ses préjugés plein la vue
Les abandonner rapidement
A l'instant il nous tient
Il joue à la projection
Il ne vole rien
Il ne connaît pas le mot intrusif
Il s'entraîne avec l'inclusion
Ses yeux ne regardent plus le commun
Il se fait discret
Il scrute le moindre détail
Bienveillant sur chacun
Ne rien perdre
Il nous plonge dans une chambre noire
Il montre
Il ne dissimule pas
Il prend le temps
Il s'accorde au diapason
Il joue au stradivarius
Aux sonorités
A la densité
De ce qu'il veut bien observer
Il a posé des filtres
Discret
Il ausculte presque
La plus étrange
Le poète
L'acteur
L'écolière
L'obèse
Le vieux
Le nerveux
Le râleur
La pusillanime
Il cristallise la beauté du geste
Il affiche l'énergie
Il pointe les mouvements
Où est-il ?
Derrière
Toujours à l'affût
Déterminé à réussir
Il négocie
Il doit se battre
Il le veut
Il sait se montrer vulnérable
Tout en force
C'est un peu le je ne sais quoi et le presque rien
Du philosophe qui portera son nom dans ma mémoire
Une rencontre
Des êtres du quotidien
Ce sera son film
Il le tient
Avec humour
Il lève la pression
Un peu
A l'image d'une tragédie légèrement classique !
(texte et photo : Anne)

SOUVENIRS








Un spectacle, comme une apothéose ... Un succès, une réussite, un triomphe ...
Ca y est, on y est ... Le spectacle va commencer. On se passe l’énergie, on stresse 

ensemble, on parle fort de n’importe quoi. On se place, on vérifie le matériel. tout est à peine à sa place que le public entre déjà, comme un torrent humain. Ils sont nombreux, très nombreux, trop nombreux ! Des gens s'asseyent sur les marches alors qu’ils restent quelques places en haut du jardin.
L’intendant général
fait un petit discours, et casse notre intro. On commence pas très bien, on fait trop attention aux têtes bien alignées qui nous questionnent du regard. Des dizaines d’yeux, inconnus, nous observent. Comprennent-ils ce que l’on veut dire ? «On s’en fout» avait dit Flavia ... mais quand même on se questionne !
Après, tout s’enchaîne, très vite. Le seul accro est invisible pour le public. Nous formons une équipe qui sait ce qu’elle doit faire, nous sommes parés à presque toutes les éventualités. Au fur-et-à-mesure, on acquiert de l’assurance, on regarde plus posément ces visages qui nous dé-visagent.
Arrive la scène de nuit, on ne les voit plus, on se prend au jeu de l’étrange. L’énergie change sur le plateau, on se concentre, et on commence à s’amuser. Le parcours dansé réjouit le public en attente de danse ... On y met de la douceur, autant qu’on peut : c’est la partie résolument poétique du spectacle, celle où le quotidien se
métamorphose réellement.


Puis, c’est le jumping, l’énergie remonte d’un cran. Les danseurs sentent venir la fin. On a envie de s’amuser, de se dé-penser. Taper à la machine, prendre le téléphone, déposer le sac, poser une question ... Tous ces gestes habituels sont ici plein d’intentions.

Charles II ! La fin est proche ... Dans le public, des épaules, des mains, des pieds battent la mesure. Ils ne s’en rendent pas compte : l’énergie de la danse est communicative. Seules nos bouches continuent à faire du bruit. Puis, plus rien, la musique et les lampes éteintes ... Un instant de de magique indécision des vingtaines de mains en face de nous.
Enfin, un triomphe, un tonnerre d’applaudissements : on revient, une fois, deux fois, trois fois ... On ne les compte plus. Je crie : «Vous voulez qu’on refasse un jumping ?» ... Et voilà, c’est parti ! On recommence, on s’amuse, follement ! Le public n’arrête pas de frapper dans ses mains : ils dansent, tous, j’en suis certain. Je saute plus haut, j’accentue les mimiques, je m’amuse follement, et surtout je souris ! On n’est plus dans le quotidien, même dansé. On est passé dans une autre dimension : le spectacle, l’échange d’énergie, l’absence de contrôle, l’amusement pur, la joie, le bonheur ... Un triomphe ! On sort juste avant Charles II, la tête haute, le sourire aux lèvres ... un sentiment d’extase gonflant nos poitrines. Fantastique ! Génial ! Inoubliable !
On a hâte d’être à la reprise du 11 et 12 décembre ! En attendant, il faudra ranger nos quotidiens laissés
à l’abandon. On oubliera jamais ce jour-là, cet instant artistique dans nos vies ordinaires ... Merci à

la Terre entière d’avoir rendu ce moment possible !

(texte  : Olivier,  photos : Anne)

dimanche 15 novembre 2009

OUTIL


Sortir d'un quotidien de six mois
Retrouver l'habitus d'avant
Ne plus se vivre dans les samedis d'antan
La tête foisonne de projets nouveaux
Hier, voir Merce Cunnigham et en garder la rencontre
D'un mime professionnel et d'une réveilleuse de potentiel
Tous deux assis à mes côtés dans une loge volée
Cinq jours tout au plus, où le Prince Baudouin abritait notre après
Dix à vouloir encore goûter
Chacun et chacune dans son quotidien le lendemain
J'ai osé renouer avec des pratiques douces
D'un secteur qui joue au durcissement et à la provocation
En gestion de groupe
S'en tenir à l'objectif et ce que je veux
Pas en aller retour
Un peu plus loin, toucher au plus complexe
Donner le temps
Hâte de se revoir au travail dans quelques jours
Garder à l'instant de cette expérience
L'outil tendresse.

(texte et photo : Anne)

samedi 7 novembre 2009

CENTRER


Sous la lune presque pleine
Rouler du haut de la ville vers la gare
En déroute Charleroi
Bouge sous tes travaux
Les rues si calmes de six mois en arrière
Grouillent
Les Arts ménagers
Ont pour invité un pays d'orient
Aucune ride ne s'affiche
Se centrer aujourd'hui
Se préparer
Retravailler
Rejouer
Redanser
La fatigue nous guette
Elle veille
Nous aide à nous poser
Recommencer
S'écouter pour danser
Ensemble tout s'apprend
La patience est le maître mot
Écouter
Atteindre le meilleur collectivement
Chacun dans l'effort
Le silence commence à prendre place
Ce soir
Un peu comme la veille
Du mariage de ma petite soeur
D'un examen de droit romain
D'un rendez-vous amoureux
Ma fille et moi en apprêt
La lavande embaume la salle d'eau
La dorloter
Je file vers le sud
De l'autre côte de Eau d'Heure
La radio annonce un risque de verglas
Je rentre à allure pondérée
Se préserver encore quelques heures
Le repassage prend le relais
Une manne passe pour amidonnée
Les costumes placés
Dans un sac pour l'occasion
Se sentir professionnelle
Comme dans le quotidien
Demain
La générale
Les potes en spectacle
Avec grand sérieux
Et un immense bonheur de bouger
(texte et photo : Anne)

jeudi 5 novembre 2009

MIETTES

Il a dressé une table de fortune, à l'arrière des gradins.
Il appelle cela le refuge.
Les miettes de cent wafers se comptent par milliers.
Le 56ème paquet ouvert cet après-midi.
Un néon tout au plus éclaire l'endroit.
Sur la droite, en entrant, une couche à l'indienne.
Nos petits de la troupe se prélassent et jouent à Uno.

Il s'écrie, assis de toute sa hauteur, d'une chaise noire pliante :
- Vous mon public, vous qui m'aimez tant, moi !
Moi qui suis beau
Regardez-moi.



Autour de la table : 6 convives
Le dialogue entre les personnages donne ceci...
Échantillon de nos moments de relâche
Exactement 2 minutes...



-Est-ce que tu m'aimes ?
-Beaucoup !
-Tu as remarqué ?
-Oui, elle se sent en sécurité avec moi, hors danger...
-Moi, je ne sais pas écrire
-Il doit y avoir de cela aussi !
-Mes amis me l'ont déjà dit
-Quoi ?
-Que c'est elle ou son compagnon qui est en danger ?
-Comment se fait-il que je l'aime ?
-Tu ne cours aucun risque ma belle
-Avec lui, tu peux profiter de tous les avantages...
-C'est quoi tes avantages ?
-Mes beaux yeux
Mon corps de rêve
Que je te comprenne
Que je te mette en valeur
Que je t'écoute
-Eh toi, tu vas tomber amoureuse de moi aussi ?
-On est tous un peu gêné au début
-Tu bloques sur une phrase ?
-Es-tu d'accord ?
-Comment tu fais ce mouvement ?
-On est un peu trop...
-Si tu comptes 8 temps...c'est long
-4 temps, c'est court !
-Le lit est grand
-Et toi J-M...
Pourquoi es-tu là ?
-Micro trottoir !
-Il manquait quatre hommes...

(texte et photo : Anne)

FLUIDITE





C'est la fin du jour.
La lune m'apparaît comme ovale et orange.
Cette journée de break, avant la dernière ligne droite au PBA, touche à sa fin.
Dans la voiture qui me ramène chez moi, je laisse mon esprit vagabonder.

Quand l'eau va et vient, il y a comme un mouvement d'une grande fluidité; quelque chose de l'ordre de la caresse.
N'y a t'il pas quelque chose qui manque dans notre "parcours dansé"?
Un moment de fluidité et de tendresse.
De l'amour?

Le long du canal qui amène à la mer, des canards attirent mon attention.
Mon observation et l'étonnement que je manifeste est à ce point qu'il questionne l'enfant qui est à côté de moi.
Je pars d'un grand éclat de rire: de quatre directions différentes, les canards, en ligne, rangés, se précipitent pour se rejoindre et puis...s'éclipsent sur l'eau dans différentes directions.
je viens d'assister au regroupement dans Charles II et de son éclatement en étoile.

Tout me ramène à ces 8 mois passés entre nous.
Il y a un temps pour tout.
Un temps pour vivre fort et ...pour quitter aussi.
(texte et photo : Béné)

samedi 31 octobre 2009

ABEILLE

Elle effleure le gris
A fleur de sol
Elle stimule les os
Les pattes sont enrobées de tapes
Ficelées comme des cadeaux
L'emballage doit tenir quelques jours
Les raccords se font nets
La régie s'active
Le son se peaufine
La lumière trace notre contour
La nuit se creuse
La pénombre recouvre les silhouettes
Discrètes et coquins s'entremêlent
Entre verres fuschia et flash frontal
Baptisée abeille
Avec humour
L'une glisse
L'autre s'agenouille
Celle-là se recroqueville
Celui-ci s'échappe
L'espace se fait clos
L'angoisse se concentre
Tristesse
Colère
Honte
Peur
Quand tu nous tiens
C'est notre ville
Qui parle
Le réveil se fait alors au loin
Couloirs automates
D'avant
En arrière
Les plus petits
observent
Tirent
Jouent
S'activent
réveillent
La nuit profonde
Les battements
Les basses
Dans ce coin
Ils s'esclaffent

(texte et photo : Anne)

dimanche 25 octobre 2009

FLUX

Vue de Charleroi par les Gûmes
Déplacement de personne
Écrit volontairement sans S
Ou perpétuel arrêt de travail
Dans ce cas, plus aucun flux
La gestion des flux !
Maître mot d'une époque...
Les flux intéressent le monde
Les actionnaires
Les logisticiens
Les N+1
Et ... les chorégraphes
On travaille le nombre
Présentons de beaux tableaux
Colorés
Croisés
Dynamisés
Interconnectés
Tous porteurs d'un mouvement
Expression d'une énergie
A 15 h
Heure d'hiver
Il a fait partie d'un flux
Toujours le même trajet
Le même sens
Les vitesses peuvent différer
Le lent dépassé par le rapide
La seule variable de l'exercice

Être dans le flux
Être hors flux
Être le flux

(texte et photo : Anne)

mercredi 21 octobre 2009

HAKA BENE


"Recevoir
Abandonner
Marquer par l'absence
Péter un plomb
S'accrocher
Se liquéfier
Rire de soi et de ses maladresses
S'extasier de ses progrès
S'amuser de sa distraction
Douter
"Re-douter"
Aimer les défis
Sauter
S'éclater
Trouver refuge dans le contact des corps
S'enfuir
Tisser
Affiner son regard
Aller jusqu'au bout
Danser ce que l'on est
Etre là !"
TOUS PRÊTS

(texte : Béné et Anne, photo : Anne)

lundi 12 octobre 2009

ERUCTION







Le "rotage", le "rotement", le "re", le rejet de gaz de l'estomac par la bouche adopte une dimension dansante toute particulière quand le mouvement se fait amplement profond. Sortie des limbes. Scène croquée en recul avec deux citoyennes...sur ce coup là en léger retrait. Un dernier chapitre...les gestes se doivent d'être minuscules...l'un mime le pain que l'on trempe, l'autre "touille"avec le petit doigt relevé dans une tasse de café imaginaire. Tout se volatilise et pourtant les corps sont transpirants en fin de séance de travail. On croirait qu'il prend l'hostie et s'empare du calice...Ils sont plus que 12...On sent la tension palpable du bout de leurs doigts...Les corps sont proches, le jeu se joue dans un grand plaisir complice...et les vagues, l'une et l'autre se mêlent et s'entremêlent...le ressac se forme de part en part...Avez-vous perçu la mer à Charleroi ? On parle ici de mouvement de foule. On est sans doute proche de la vague de vendredi...passée inaperçue dans un quotidien...Le tissage et le maillage s'accrochent telle une pièce de lin au cadre du métier...

(texte et photos : Anne)

mardi 6 octobre 2009

ECHAFAUD







Aujourd'hui, 13 personnes en formation VCA...chapitre du moment : le travail en hauteur ! Ils imprègnent poliment leur crâne, comme ils disent si bien, de matière qu'ils n'ont pas l'habitude d'approcher. Sidérés ils le sont...tous penchés à la fenêtre de droite à 13h tapantes...Nous assistons à un ballet ou plutôt une chorégraphie ayant pour thématique l'échafaudage...Ils sont outrés...pas de casque, pas de certificat de conformité, pas de plancher, pas de lunettes...bref le tout grand travail au clair. Au vu et au nez de tous, passants, accompagnants vers le travail et puis tous ceux que l'on ne voit pas. Cliché de l'absurdie d'un moment minuscule sur la planète. Quotidien d'un certain danseur sur une planche en parfait déséquilibre...il ne tombe pas...il glisse à peine...C'est bientôt la Biennale à Charleroi... ne tardez pas à réserver vos places...le spectacle se délecte ou se grise à chaque coin de rue...ouvrez les yeux...en l'air et tout le spectacle sera pour vous !

(texte et photo : Anne)

dimanche 4 octobre 2009

JUMPING


Le palefrenier sans travail est aux aguets.
A intervalles réguliers.
Il est présent.
Une heure et 10 minutes à chercher.
Léger tapotement de touches du clavier noir.
Ses preuves dans le rabat vert.
Il ne lui reste que ses ongles un peu noircis de terre.
La tienne.
La sienne.
Il confie que le cheval l'a reconnu au loin à 20 mètres.
Ruades en enfilade.
Pas d'oubli.
Souvenir de trois cent vingt deux jours.
Des précieux soins offerts.
Aucune parole.
Les sabots foulent la terre.
Le tempo du cavalier résonne.
La ville carolo l'appelait hier.
Aujourd'hui, SDF, c'est le boutiquer du coin qui le tolère.
Ses cheveux hirsutes et taillés avec soin.
Il est prêt.
Il galope.
Il est loin.
Enfin.

(texte et photo : Anne)

samedi 3 octobre 2009

NOCTURNE


Deux passants passent, lentement. Un vieil homme marche en claudiquant. Une femme, voutée, arrive derrière lui. Un couple se déchire au coin d’une rue. Un autre s’embrasse, tout près, sans se préoccuper des cris de leurs voisins. Deux voyageurs pensionnés reviennent de voyage. Leurs valises à roulettes jouent au tambour sur les pavés du trottoir. Soudain, une rue déserte s’offre au regard. Un chat famélique galope sur le chemin des piétons. Cigarette à la main, un jeune fait vrombir ses moteurs comme s’il espérait que le feu change ainsi de couleur. Sa musique tonitruante s’éteint vite au profit du doux vrombissement du bus. Devant la baraque à frites, plusieurs clients silencieux attendent leur commande. Une camionnette dans le parking diffuse des bruits réguliers de percussion. Les étalages des magasins sont illuminés derrière leur lourd volet d’acier. Un cri d’oiseau se fait entendre, s’ensuit une houleuse discussion au téléphone. Plus loin, une dame croit mettre en valeur ses formes avantageuses par sa démarche trop déhanchée. Elle passe et repasse devant une maigre femme écroulée, une bouteille vide à la main. Le contraste entre les deux démarches est drôle mais la scène est tragique. Titubant et rigolant tout à la fois, trois poivrots passent en sens inverse. Sans s’en rendre compte, ils dérangent le sommeil d’un homme qui dort dans le renfoncement d’une porte.

Charleroi, la nuit, c’est toutes ces petites anecdotes, tous ces petits clichés, simplement authentiques.

(texte : Olivier, photo : Anne)

dimanche 27 septembre 2009

JOURNEE







La veille : Mince, maman a tout mis au lavage, il faudra que je me lève tôt.

7h45 : Dring

8h45 : Je vais prendre mon bus

9h05 : Attendre dix minutes que les magasins ouvrent.

Envie d’être gris anthracite. Le gris du bitume et de la poussière, celle du labeur.

En contre jour, une accordéoniste me sourit : pas besoin de voir son visage, son corps a parlé au mien. Ce projet m’a changé !

9h55 : Isabelle, désolé, je serai un peu en retard.

10h05 : Bel échauffement que de traverser la ville de bas en haut en dix minutes.

10h20 : Habillé, je suis prêt. Je commence à me rendre utile.

10h40 : On est presque tous là. J’asticote les polyèdres, encore plein de sciure de fabrication.

Shila danse vendredi à Bruxelles, j’irais bien la voir. Elle enverra un mail.

11h00 : On retire ses chaussures et on commence l’échauffement, en allant vers la danse.

Flavia crie, s’époumone, perd sa voix … On sent que le groupe s’énergise. On avance, on fonce, on s’engouffre dans une chorégraphie qui nous dépasse.

Méthode globale aujourd’hui : on sera juste plus tard.

Inlassablement, on répète le même parcours. Je sers de mémoire à plusieurs. C’est fatiguant.

Merci pour vos sourires reconnaissants.

12h30 : On aura qu’une demie heure pour manger aujourd’hui.

Béné et moi jouons à la cantine scolaire. On est rationné : retour des méthodes communistes.

Je centralise les demandes pour les spectacles puisqu’Isabelle me l’a demandé. On se retrouvera tous ensemble. Ce sera chouette.

13h15 : On recommence, le photographe est arrivé.

On discute des costumes … Le spectacle aura lieu en automne et les mini jupes sont bannies.

Je serai gris bitume.

On fait un filage : ça faisait longtemps. On va trop vite, les absents manquent. On est un peu triste de se rendre compte que certains nous ont quitté. On danse avec leur souvenir.

Le musicien est là, on applaudit sa nouvelle musique qui accompagne les fêtards.

Le parcours dansé est cacophonique : on y travaillera la semaine prochaine.

La dernière partie va bien, puis on y ajoute des pas. C’est difficile de tout retenir. Je me concentre et je m’amuse, beaucoup !

Après, séance d’impro. On y rajoute les bruits de bouche.

Applaudissement : ça donnera bien … Il y a encore du travail mais on va y arriver.

On refait quelques mouvements pour le photographe. On s’y donne à fond. Ça fait du bien de se sentir libre de son mouvement.

17h10 : Stop. Flavia rappelle que nos mémoires doivent travailler chaque jour.

Jeudi, on répète avant le Pilâtes : déjà hâte d’y être.

17h20 : Je suis exténué. Dans dix minutes, réunion chez Yuka. C’est dur la vie d’artiste.

19h30 : Fin de la réunion sur le projet de mai, toute autre chose mais je verrais bien un final en contemporain. On a besoin de figurants : les liens entre les projets commencent à voir le jour.

20h00 : Le poulet est petit.

21h30 : Crevé, lavage puis dodo.

22h00 : Il faut quand même que j’écrive ma journée.

Dans un an, je veux retrouver ces lignes et me souvenir de ces fantastiques instants. Pourquoi ma vie ce serait pas ça ? Tout compte fait ... On verra !

Ça y est, je rêve … Il ne suffit plus que d’éteindre le PC et fermé les paupières.

22h30 : Demain, il faudra que je fasse tout le boulot du WE car aujourd’hui, j’ai rien pu/su/voulu faire.

Envie de remercier le monde de me laisser vivre des journées comme celle-ci … et hâte d’être jeudi !

Merci à toi, et toi, et toi ... C'est uniquement grâce à vous que tout ça est possible !
(texte : olivier, photos : Anne)

samedi 19 septembre 2009

COULEUR






L'air est chaud aujourd'hui
On aspire à de la fraîcheur
La journée sera courte
Ils attendent assis
Le spectacle NRJ
De son plein de rien
Il battra dans quelques heures
Les barrières Nadar de côté
Je plonge dans l'ambiance de la ville
Décalage

L'atelier est noir
Les lumières artificielles
Le travail est dense aujourd'hui
La chorégraphie au mur
J'y vois la formation d'un nucléole
La cellule au gré des déplacements
Les groupes sont formés
Se retrouver avec celle que l'on a croisé
Partir avec celui que l'on voyait au loin
Il a décidé d'arrêter
Elles décidées à poursuivre
Et lui qui excelle tire
Plus haut
Lancer la jambe droite
Étirer le talon en inspirant
Tendre à chaque fois un peu plus
Plier la jambe
Déposer sur la jambe gauche dont le pied est au sol
Lever la jambe droite
Les deux jambes en suspension dans l’air
Pivoter du côté droit et tendre la jambe gauche
La tête de l’autre côté
Le corps en arc de cercle
Le poignet droit attrape le bras opposé
S’enrouler
S’asseoir
Attraper la tête en penchant vers la droite
Pas accroupie pour moi
Le bras passe dessous le corps
Se dérouler sur le sol
En lignes de 4 ou 5
Partir en avant
En arrière toute
En oblique vers la droite
Le dernier quart d'heure
Débriefer
Les couleurs de Charleroi
Je suis à pieds quelques mètres
Ma voiture un peu plus bas
Devant Constant elle attendait tout ce samedi.

(texte et photos : Anne)

vendredi 18 septembre 2009

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 ...


Un, Deux,
Trois, Quatre,
Cinq, Six,
Sept, Huit,

L’un devant l’autre, L’autre devant l’un,
L’un devant l’autre, L’autre devant l’un,
L’un devant l’autre, L’autre devant l’un,
L’autre en l’air et l’un par terre,
L’autre devant l’un, L’un devant l’autre,
L’autre devant l’un, L’un devant l’autre,
L’autre devant l’un, L’un devant l’autre,
L’un en l’autre et l’autre par terre,

Un, Deux,
Trois, Quatre,
Cinq, Six,
Sept, Huit,
On boude,
On regarde le spectacle,
On en a ras-le-bol de ce cours,
Et on se relaxe,

Et on met les deux en même temps,
Et on s’embrouille,
Et on recommence,
Faites attention aux regards,
Mettez de l’intention,
Pensez aux gestes,
Si vous êtes fatigué on s’arrête,
On continue !

Un, Deux,
Trois, Quatre,
Cinq, Six,
Sept, Huit,

Refaire, Re-refaire,
Répéter, Re-répéter,
S’amuser, rire de soi-même,
Se concentrer, Progresser,

Et puis sourire,
Etre fier de soi,
Se dire qu’on y arrivera,
Que c’est pas si difficile que ça,

Et puis, Waouw !
On y arrive, tous ensemble,
On peaufine l’une ou l’autre attitude,
On re-décompose pour mieux accélérer,

Une pause,
Je les regarde,
Ils sont biens,
Ils s’appliquent,
Ils réussissent,
Ils sourient,
Ils sont heureux,
Moi aussi,
Vive la danse !

(texte : Olivier, photo : Anne)

samedi 12 septembre 2009

VOUS











Temps-Corps-Espace...
Nous occupons chaque samedi un lieu...intégré par nous.
Depuis plusieurs semaines, rien n'est laissé au hasard.
Les gestes ici sont tous porteurs de sens.
Chaque geste est vécu par un corps, à un moment précis de son quotidien et dans un espace appartenant à Charleroi.
Tout se construit, tout s'architecture.
Chaque samedi, nous bâtissons notre ville ensemble.
Nous imprimons chacun et chacune à notre façon notre ligne du tableau final.
Je découvre que l'autre est repère pour moi sur mon parcours.
L'autre compte sur moi pour être encore plus lui-même.
Rien ne semble pourtant figé.
Aujourd'hui, toi, puis toi aussi de ce côté et puis toi qui danse avec moi, vous étiez absents et votre vide s'est révélé.
Un cadre est posé, et, librement nous évoluons au gré des séances ritualisées.
Samedi passé, peut-être étais-je un peu plus lente...
Samedi prochain, serais-je plus rapide ?
Là ne réside pas l'essence du travail.
Le corps apprend.
Le corps a besoin de rappels.
Le corps est mémoire.
Mon corps doit intégrer le geste.
Par la suite, tout sera plus fluide.
Connaître ses limites devient en cela un exercice de haut niveau.
Ne pas se satisfaire du minimum mais aller au delà, juste là , avec le plus grand respect de soi .
Ici on ne parle pas performance mais présence à soi.
Quand tu es présent à toi-même sur la scène, et, même si le geste donné se résume en un clignement de paupière, cela en devient beau.

(texte et photos : Anne)

jeudi 10 septembre 2009

DECORS


Début de séance tout en douceur...
Même les éclopés sont attendus.
Réveil du corps.
Le poids des os est supporté par le sol.
Séquence d'ajustement de toutes les parties de nos membres.
Étirer sur toute la longueur.
Se plier pour mieux s'étaler ensuite.
Prendre conscience de chaque muscle.
Torsions de chaque extrémité des os.
Imprimer le mouvement, l'un vers l'intérieur et l'autre vers l'extérieur.
Tapoter la surface de toute la peau.
Se préchauffer.
Y aller.
Aujourd'hui, c'est le corps qui parle d'emblée.
Enfin bouger, danser, jumper.
Chacun selon ses possibilités.
La diversité des gestes.
Travail en sous-groupes.
Découvrir les limites et les surpasser.
Créer des minutes de travail ensemble.
S'inscrire dans un travail collectif.
Être avide d'exigences.
Mesurer l'importance de chacun.
Respecter l'engagement pris.
Sentir que le travail avance et s'intensifie.
Travailler, travailler et encore travailler.
Un bonheur.
Pas besoin de trop parler.
Entrevoir le décors et l'imaginer en réalité.
Les énergies ne demandent qu'à converger vers l'objectif.
(texte et photo : Anne)

jeudi 3 septembre 2009

ONE HUNDRED


Répartition de la force sur les pieds 60/40.
Bien positionner chaque bouton.
Confirmez-moi qu'il y en a bien cinq.
Les moments sont paisibles.
Cinq fois deux tapis pour doubler les épaisseurs.
Travail de centrage.
Inspirer
Expirer.
Fouler l'air de 5 coups de bras saccadés.
Gonfler son poumon gauche.
Basculer de l'autre côté.
Dilater cette fois le poumon droit.
L'oxygène circule.
Émergence d'émotions pour l'une.
Chacun est appliqué ce soir.
Moments d'équilibre discrets.
Douceur et exigence de la posture précise.
Cela s'appelle 10x10 en français.
S'aider du coude gauche encore plié.
Les yeux rivés au ventre, le bas.
S'étirer.
Les paumes des mains vers le haut.
La jambe gauche tendue à 90°.
Le mollet droit tiré par le talon.
Travail de concentration.
Chapeau madame la professeure
Belle rentrée prometteuse.

(texte et photo : Anne)

mardi 18 août 2009

HELIOS

Ce soir, j'ai dessiné des pieds inversés.
Je voudrais marcher uniquement avec les talons et courir à toute allure comme il y a de cela encore quelques semaines.
Je suis obligée de freiner.
Mon corps se balance d'arrière en avant et n'a plus aucun plaisir dans le mouvement.
Je passe mon temps à poser le plus correctement possible un pied devant l'autre.
J'évite de claudiquer dans le couloir qui convoitais le pas de course.
Je suis contrainte au ralenti.
Mes appuis inférieurs sont grippés et au repos imposé.
Je m'oblige à distiller l'énergie contenue en moi.
Pour l'instant, je danse quand je plonge dans l'eau.
Je m'allège là où tout pèse.
En apesanteur dans le liquide...alors je libère toutes mes forces.
Ces dernières nuits, je rêve d'organiser ma vie dans une piscine.
Au réveil, c'est le poids des articulations rouillées qui me rappelle au petit jour.
Je voudrais passer des heures entières à nager et tourner dans l'eau...je n'ai pas dit sauter et sprinter...
J'arrive trop tard, je ne sais plus me déplacer comme à l'habitude...dommage pour moi...
Les gestes de mon quotidien ne sont plus miens...

Ils imposent le calme.
Je lève les pieds...
Les deniers des citoyens se sont envolés
Tels que je ne trouve sur mon parcours aucun bain public au centre ville !

(texte et photo : Anne)

lundi 17 août 2009

PFFF !


Envie de tourner, de virevolter, de flotter … Envie de me sentir lourd, pesant, ancré dans le sol … Envie de retourner sur cette scène de géographie, de me remémorer tous ces gestes, de les refaire, de les retravailler, de les étudier …

Plus envie d’étudier ces équations, ces vecteurs et ces démonstrations ! État d’âme d’un danseur du quotidien qui n’apprécie plus la danse du stylo dans ses mains, d’un étudiant qui voudrait cesser ce ballet de traits qui se déploie sans cesse sur ses feuilles blanches !

Envie de pouvoir revenir, enfin, au Carpe Diem du mouvement, à la joie du corps en cadence qui s’exprime … Envie de me reconnecter à cette musculature qui ne demande qu’à s’ex-penser, envie de retoucher mes os tordus, de reprendre conscience du squelette qui me charpente …

Envie d’en finir avec ses « vacances » trop longues, envie de revenir à ce génial projet … Plus que deux semaines à tenir …

Pfff !

(texte : Olivier, photo : Anne)

samedi 8 août 2009

RETROUVAILLES














Ce matin, il n’y avait plus que les trois magnifiques soleils d’Anne pour illuminer la pièce. Ils faisaient pâles figures face à tous les sourires rayonnants des convives quelques heures auparavant.

La fête était finie, le rangement pas tout à fait. La pièce était bancale. Des chaises y trainaient, orientées vers des souvenirs.

Une soirée, comme une étape au milieu des vacances. Une halte parmi la douce solitude des congés de l’été. Quelques heures de bonheur qu’on a longuement préparé.

Et puis il y eut ces deux invités du bout du monde pour un temps d’apéro : un miracle des ondes qu’on voudrait aussi remercier pour leur obstination à parcourir la Terre.

Il y avait aussi ce buffet, hétéroclite et savoureux, à l’image du groupe en somme. Tous avaient rivalisé pour émousser nos papilles qui ne savaient plus où donner de la tête. Pour clore la dégustation, il y a eu ces desserts : ceux qu’on attendait depuis longtemps, et ceux qui se sont invités à l’improviste, peut-être encore plus savoureux que les autres.

Merci à tous ceux qui ont pu venir et désolé pour les autres : on n’a qu’un peu pensé à vous ;-)

(texte et photo : Olivier)

jeudi 30 juillet 2009

CARTE POSTALE







Ils et elles sont en vacances...les phrases tombent et se posent. Et cela donne ceci...extrait de la fourmilière au repos :

"Je t'écrirai chaque soir pour te raconter la journée de là-bas...je n'ai pas envie de te quitter si longtemps...je ne pourrai rien t'envoyer mais tu sauras que je t'écris et que je pense à toi pendant ce temps..."

"Les vacances, c'est pour mieux se retrouver..."
"Quelle organisation ! "
"Je veux bien faire la vaisselle..."
"Nous apporterons deux tartes aux légumes (délicieuses)..."
"Tu l'as fait exprès d'aller chercher l'endroit où il y avait une machine à laver ?..."
"A bientôt, mais pas trop souvent sur le net..."
"J'étais un peu inquiet par rapport à ton absence de réponse à mes divers mails..."
"J'avais envie de vous revoir tous en fête !..."
"Eh les copains, ça ne vous tente pas ?..."
"Nous viendrons avec Rachel..."
"Passez une très belle soirée..."
"5 h de décalage...dans quel sens...cela fait minuit ou 14 h pour toi ?..."
"...offert deux billets pour aller à la mer...je ne m'attendais pas à ce cadeau..."
"Nous comptons partir en last minute vers des cieux plus cléments..."
"Voilà ces photos en guise de carte postale...je t'attends"
"Je prie pour que cet imprévu surgisse et que tu puisses finalement venir..."
"Je prendrai mon téléphone demain...profitez bien de vos congés..."
"Quelques jours de vacances dans un petit coin de paradis en montagne..."
"Prendre un peu de repos et de détente..."
"J'aiderai avant et pendant le repas..."
"C'était pour vous, pour vous les offrir..."
"Pas de nouvelles...donc tout va bien..."
"Merci de votre attention..."
"Tu me manques...cette fois je te l'écris...et tant pis !"
"Les vacances, c'est pour mieux nous retrouver..."
"Tu sais...je n'ai strictement rien fait pendant ces vacances...Quand tout s'arrête, j'ai peur..."
"Je suis ici...moi qui pensais trouver le silence...je suis à nouveau réveillée par les bruits de la nature...en ville je n'entends rien quand tout s'éteint..."
"Je vous embrasse tous..."
"A bientôt..."

(texte : Anne et Collectif, photos : Anne)

lundi 6 juillet 2009

AEROPORTEUR OU MONTGOLFIERE...VOYAGE AU RAS DU SOL...




Je repose sur des pieds.
Deux.

Avec les pieds, je marche.
En avant, en arrière.
Par moments, transversalement.
Je cours trop peu.
Je piétine rarement.
Je trépigne plus souvent.
Je pivote.
J'en ai appris la densité avec un roulé de balle de tennis.
Ils adorent la rosée du matin ou la pluie qui vient de gorger la pelouse et ses trèfles.
Je suis au monde au travers de mes deux pieds.
J'ai le pied long et large.
Le pied égyptien hérité du paternel.
Il dit le bon de son propriétaire.
Je ne suis pas dépositaire.
Mes pieds captent l'envie et la tension de se relever.
Ils élancent vers l'autre.
Quand le pied droit hurle de douleurs lancinantes et piquantes à la fois.
C'est de la faiblesse pour tout le corps à subir.


Le langage commun dit que le corps repose sur les pieds...
Je ne trouve pas cela juste...
Quand je me place dans mes pieds,
ou plus exactement dans les os de ces derniers et
que je palpe l'élasticité des arches antérieurs...
Je n'ai aucunement la sensation de porter tout ce corps...
Et dans mon cas, ce n'est pas peu dire...
La tension éparpillée et bien dosée dans celui-ci me donne l'impression que les pieds sont justes placés à quelques centimètres des mains.
Ils peuvent alors s'élèver si le désir les porte...

(texte et photos : Anne)