mardi 18 août 2009

HELIOS

Ce soir, j'ai dessiné des pieds inversés.
Je voudrais marcher uniquement avec les talons et courir à toute allure comme il y a de cela encore quelques semaines.
Je suis obligée de freiner.
Mon corps se balance d'arrière en avant et n'a plus aucun plaisir dans le mouvement.
Je passe mon temps à poser le plus correctement possible un pied devant l'autre.
J'évite de claudiquer dans le couloir qui convoitais le pas de course.
Je suis contrainte au ralenti.
Mes appuis inférieurs sont grippés et au repos imposé.
Je m'oblige à distiller l'énergie contenue en moi.
Pour l'instant, je danse quand je plonge dans l'eau.
Je m'allège là où tout pèse.
En apesanteur dans le liquide...alors je libère toutes mes forces.
Ces dernières nuits, je rêve d'organiser ma vie dans une piscine.
Au réveil, c'est le poids des articulations rouillées qui me rappelle au petit jour.
Je voudrais passer des heures entières à nager et tourner dans l'eau...je n'ai pas dit sauter et sprinter...
J'arrive trop tard, je ne sais plus me déplacer comme à l'habitude...dommage pour moi...
Les gestes de mon quotidien ne sont plus miens...

Ils imposent le calme.
Je lève les pieds...
Les deniers des citoyens se sont envolés
Tels que je ne trouve sur mon parcours aucun bain public au centre ville !

(texte et photo : Anne)

4 commentaires:

  1. L'appel de la piscine n'est-il pas le rappel de la vie intra-utérine si éphémère au regard d'une vie? Le retour aux sources en quelque sorte avec la volonté subconsciente de vouloir changer le cour des choses passées !
    L.

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  2. Si ! Sans doute ... mais peut-être faudrait-il y voir les contraintes du corps plutôt que celles du passé ... Une piscine physique et matérielle plutôt qu'un bain psychanalytique ... Le mal être auquel répondrait Hélios trouverait en quelque sorte son origine dans un mal physique plutôt que dans une histoire nébuleuse. Le corps ne parle-t-il pas au corps, parfois, sans que l'esprit s'en mêle ?

    J'aime cet étrange paradoxe du texte qui se plaint de la lenteur des gestes mais qui voudrait retourner dans l'eau où tout mouvement est d'office plus lent.

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  3. L. impossible tâche que de vouloir modifier le cours de l'histoire...passée. Retardée dans le présent et l'avenir ...certes oui !

    Olivier, le mal physique me suffit...j'ose dire ! Pas mal le paradoxe relevé...mais tu as oublié que je possède une enveloppe juste plus épaisse que la tienne, et donc, au final, je vais plus vite dans l'eau que dans l'air...si si !

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  4. Et bein, si tu le dis !, je suis obligé de te croire :-D

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